Le biotope de la Morille, du Frêne et du Pommier

photo lemounard.com
Les morilles sont des champignons ascomycètes, comme les pézizesLes morilles apprécient les ravins de source, les haies forestières, les bois aérés et humides, les lisières ombragées, les vergers de vieux pommiers, les coupes de bois, les lieux incendiés, les remblais et les terrasses. Toute station au sol calcaire, perturbé, retourné, alluvionnaire et détrempé est susceptible d'intéresser les morilles.

La symbiose avec des arbres sucrées est un indicateur ainsi que d'autres champignons comme les pézizes ou les entolomes.

Les morilles peuvent être saprotrophes (dans les composts, les prairies et sous les pommiers), semi-parasites-semi-symbiotiques (avec les hêtres, les ormes, les pommiers, les plantes rhizomateuses, les légumes racines) et même symbiotique (avec les pins).

taxonomie Morchella
Mycologia mars/avril 2015



Il existe 21 variétés de Morilles en Europe et 22 variétés aux Etats Unis (dont seulement 7 espèces communes entre les deux continents). 

En France, les plus connues et les plus recherchées sont:
La morille élevée (Morchella elata)
La morille commune (Morchella esculenta)
La morille blonde ou morille ronde (Morchella rotunda)
La morille conique (Morchella conica)
La morille délicieuse (Morchella deliciosa)















La famille des Morchellacées - Morchellaceae-
contient aussi les verpes, des morillons, des hélvelles (toxiques), des gyromites (mortelles) et des pézizes (comestibles). Elles affectionnent toutes les mêmes milieux, à PH plutôt neutre ou calcaire. Les morilles et les verpes préfèrent les sols gras ou sablonneux, neutres à calcaires, sous les feuillus, surtout sous les frênes, les ormes, les pommiers et sous les résineux comme le pin ou l'épicéa qui tolèrent des sols calcaires. Les helvelles et les gyromites poussent plutôt sur des sols neutres à acide, en montagne, et affectionnent les résineux. Toutes les Morchellacées sont toxiques à mortelles crues! Il faut une longue cuisson ou une dessiccation (séchage) pour pouvoir ensuite les consommer, avec modération.
morille sur racine de frêne 
photo cristau-de-hauguerne.net


PHENOLOGIE DE LA MORILLE COMMUNE

Les Morilles sont des champignons printaniers, qui apparaissent dès la fonte des neiges pour certaines variétés comme la Morille conique-Morchella conica.

La morille commune vit en symbiose avec le Frêne et parfois avec l'Orme ou le Noisetier. Les stations de morilles communes se trouvent en général au dessus de 500m d'altitude, dans des pentes siliceuses et tourbeuses avec des sources ruisselantes, mais parfois en plaine, notamment dans les vergers de pommiers abandonnés, les immondices et les feux de bois.

Les facteurs favorisant la poussée des morilles sont: les ressources en potassium, en calcium et en sels minéraux, le sucre, l'humidité, l'ombre, la faible compétition, les chocs thermiques par le feu, les fluctuations de températures jour/nuit entre 4° et 16°, les vibrations dans le sol. (source: Paul Stamets - Mycelium Running ).

La fructification de la Morille commence avec le débourrage des charmes et des noisetiers, puis la fructification des prunelliers et des pommiers.
Oreille de Judas - Costa Rica.
En général, l'ordre d'apparition des espèces printanières est le suivant: pézize, morillon, mousseron, morille.

Les morilles fructifient lorsque la neige fond, le sol commence à se réchauffer et l'humidité atmosphérique est encore présente.

Le début de la fructification serait marquée par l'orchis mâle (observation: La Renarde des Alpes) et l'optimum de fructification des Morilles blondes correspondrait à la floraison des jacinthes des bois (observation: www.mycologique.com). La floraison des jacinthes des bois semble être un repère de l'optimum des Morilles.
pézize veinée (photo francini-mycologie.fr)

oreilles de judas séchées
sur branches de sureaux



On trouve d'ailleurs les pézizes comestibles la pézize veinée et les champignons noirs, ou oreilles de judas, dans les mêmes stations, sur les bois de sureaux noirs.

Ces pézizes se retrouvent un peu partout sur le globe, de l'Europe à l'Asie jus q'aux pays substropicaux, qui présentent des conditions de terrain et de variétés de plantes locales écologiquement similaires.






LES 5 STATIONS DES MORILLES
ARBRES HÔTES: frêne, orme, pommier, noisetier, pin sylvestre, mélèze, douglas
(sur sol neutre à calcaire).

1 LES LIEUX INCENDIES
Morilles et incendies
Les cendres et les sels minéraux laissés après les incendies enrichissent le sol de potassium, de silice et de calcium. Les feux éliminent aussi les compétitions avec d'autres organismes fongiques, micro-organismes parasites ou végétaux. Ils laissent sur le sol le cadavre d'animaux et de carcasses dont se nourrissent également les micro-organismes comme les gastéropodes qui vont restituer ces micro-nutriments dans le sol, pour le plus grand plaisir des mycélia.

Les morilles apparaissent dans les 6 mois à un an sur des spots localisés comme un feu de camps, un barbecue et même l'antre d'une cheminée abandonnée. Les barbecues ont ceci d'intéressants: les résidus de graisses (viandes, poissons), de sang (viandes rouges, poissons) et d'amidon (pomme de terre, maïs) s'ajoutent à la composition des cendres de bois riche en potassium. Un substrat idéal pour les morilles.

Le fer et l'oxyde de fer contenu dans les sols volcaniques, le sang, la viande, les carcasses, les décharges et les conserves rouillées semblent aussi être favorable aux morilles. Il peut être intéressant d'additionner des ressources en fer soit d'origine animale soit sous forme de compagnonnage ou de mulch avec des plantes comme l'onagre, la galinsoga, l'amarante ou les épinards.

L'oxydation ferrique est une résultante de l'oxydation des sols hydromorphiques du fait du blocage du fer dans les sols calcaires. C'est ce qui occasionne la chlorose ferrique chez les plantes.

Elles apparaissent dans les 1 à 2 ans après un feu de forêt ou une éruption volcanique. Les plus gros spécimens de morilles ont été récoltés sur le Mont St Hélène* après l'éruption volcanique dans les années 80. 

Les incendies sont aussi un choc thermique qui active la fructification des morilles. Dans l'année qui suit un incendie, que ce soit dans une foret de feuillus ou de résineux, vous avez toutes les chances de trouver des morilles. De manière générale, les morilles ont besoin de fluctuations thermiques entre 4° et 16°C entre jour et nuit et de bonnes conditions d'humidité pour fructifier. On trouve la majorité des morilles en situation ombragée, fraîche et humide dans le nord-est de la France, comme en Alsace, dans le Jura et en Bourgogne, mais aussi dans des stations océaniques siliceuses comme dans l'ouest de la France ou en montagne calcaire dans les stations alpines comme en Isère, en Ardèche et dans le Languedoc-Roussillon, parfois exposée.

(*)Les champignons étant des bioaccumulateurs de métaux lourds et de radioactivité, les champignons récoltés sur les cendres volcaniques sont impropres à la consommation.

2 LES VERGERS DE POMMIERS ABANDONNES
Les lieux sucrés et amendées, riches en matière organique, sont des lieux propices à la récolte et à la culture de morilles.

Pommier et Morilles
photo terra morchellarum
Les stations abandonnées et peut fréquentées par l'Homme protègent le mycélium des risques de piétinement. Les morilles se trouvent préférentiellement sur les frênes, les ormes et les pommiers abandonnés - dont les fruits s'accumulent et fermentent sur le sol. Les morilles craint les espèces au système racinaire superficiel compétiteur.

Les morilles apprécient les arbres à la sève sucrée comme le frêne, le pommier, les érables, les bouleaux, les châtaigniers, les sureaux, les alisiers, les sorbiers, les aubépines, les cognassiers, les néfliers, les kakis etc... et des sèves sucrées riches en terpène (hydrocarbure végétale antiseptique, limonène riche en oxalate de calcium qui donne ce goût citronné) comme le pin sylvestre, le pin tordu, le douglas, le mélèze (sur sol calcaire). En 1996 et en 2002, une équipe australienne a même initiés une culture sur eucalyptus et acacias (variété endémique d'Australie et de Tasmanie) et au Chili avec Eucalyptus globus et pinus radiata. Certaines variétés de morilles nord-américaines poussent sous les érables et les peupliers, même des tulipiers de virginie: une culture associées entre érables à sucre et morilles est donc envisageable sur le plan expérimentale. En Espagne, on a découvert récemment (2011) des morilles sur des châtaigniers, baptisées Morchella Castanea, et plusieurs cultures de châtaigniers inoculés aux morilles sont en cours; au Chili, une équipe expérimente l'association mycorhizienne châtaigniers-morilles coniques.

http://www.mycologia.org/content/107/2/359.full#F4
http://www.mycologia.org/content/107/2/359/F1.large.jpg
http://www.fs.fed.us/pnw/publications/gtr710/pnw_gtr710a.pdf p.9

Autant vous dire qu'à Permaforêt, fruticée et châtaigneraie sauvage avec quelques arbres centenaires, j'ai très envie d'observer et d'expérimenter de nombreuses cultures associées ;-).

Les espèces maraîchères riches en sucres, en amidon, en huiles végétale les intéressent aussi: pommier, carotte, topinambour, panicaut, betterave, oignons, poireaux, pommes de terres, viornes, rosiers, cacahuètes, noisettes, faines, graminées d'hiver...  

Le point commun entre les jeunes compostes, les pommiers abandonnés, les levures, les décharges, les coupes de résineux est la concentration en ferments, en sucres, en amidon, en terpènes et en ammoniac, un dérivé du sucre qui s’hydrolyse en alcool. Ils offrent des conditions de fermentation en milieu humide et un milieu bactérien spécifique.

Les décharges, les immondices, les épandages, les compostes, les fumiers sont aussi des spots privilégiés des morilles, comme d'autres champignons saprophytes comme la pleurote par exemple.

> Phytosociologie à étudier (zone nord-est et océanique): le biotope du Pommier, de l'ail des vignes, de l'ail des ours et de l'arum tacheté.

Les champignons étant des bioaccumulateurs de métaux lourds et de radioactivité, les champignons récoltés sur les sites pollués et industriels sont impropres à la consommation.

3 LES ZONES ALLUVIALES
fleurs de frêne début avril
La Morilles apprécient les stations humides au sol perturbé, sablonneux, drainant et riche en graviers, en silice et en gypse (notamment sur des roches calcaires issues d'alluvions archaïques ou d'éruptions volcaniques comme des stations granitiques en montagne). Ces stations peuvent être pauvres et carencées en humus et en azote, ou alors hydromorphes riches en azote et en potasse, mais souvent bloqués pour des raisons de vie microbienne anaérobiose. Les plantes compagnes permettent alors de faire circuler ces nutriments en se décomposant. Le charme fournit souvent un humus d'excellente qualité et au PH neutre.

> Phytosociologies à étudier: le biotope du Frêne, de l'Orme, de Charme, du Sureau, de l'Ortie, du Ficaire, de la violette des bois voir de la vigne et du houblon.

4 LES PENTES SABLONNEUSES ET PERTURBEES
Les morilles apprécient les stations perturbées suite à des catastrophes naturelles ou anthropiques : incendies, retournement de terres, coupe d'arbres, taillis, friche, tempêtes, sentiers avec des engins sylvicoles, inondations, alluvions, ravins, glissement de terrain.

Les vibrations peuvent lever la dormance des spores de morilles, comme c'est le cas chez de nombreux champignons lignicoles et saprophytes comme les shiitake par exemple et les polypores.

> Phytosociologie à étudier: le biotope du Noisetier, du Frêne, de l'Orme (stations alluvionnaires)
> Phytosociologie à étudier: le biotope du Bouleau et du Pin sylvestre (stations continentales).
> Phytosociologie à étudier (zone rudérale, sud-est, sud-ouest): le chêne kermès, le mélèze et l'arbousier.

5 LES ZONES FORESTIERES FRAÎCHES, HUMIDES et OMBRAGEES
morille commune dans le creux des racines d'un frêne.
photo à voir dans le diaporama sur cristau-de-hauguerne.net
 > phytosociologie à étudier: le biotope du Hêtre, du Frêne, du Fusain, de l'arum tacheté, du lierre grimpant, de la violette des bois, de l'anémone, du sceau de Salomon, du lierre terrestre (gléchome), du muguet, de l'ail des ours et de l'orchis.



vidéo à voir sur terra-morchellarum-fr.blogspot.fr

LE FRÊNE
BIOTOPE DE REFERENCE

ARBRES: frêne, pommier, aubépine monogyne, chêne pédonculé, hêtre, charme, érable sycomore, érable champêtre, cerisier à grappes.
ARBUSTES: noisetier, cornouiller sanguin, troène, fusain, prunellier, chèvrefeuille des haies
LIANES: chèvrefeuille des haies.
HERBACEES: lierre grimpant, lamier jaune, violette des bois, benoîte urbaine, géranium robert, fougère mâle, anémone des bois, sceau de salomon, arum tacheté, ortie, lierre terrestre.
GRAMINEES: laîche des bois
COUVRE SOL: lierre grimpant, anémone des bois, lierre terrestre
NFP: -
photo cristau-de-hauguerne.net
Les plantes écologiquement des zones inondées similaires sont le sureau noir, l'orme, le saule marsault, le tilleul à petites feuilles, la viorne obier, le groseillier.

>>> Ce biotope est le même pour la pézize veinée, les oreilles de Judas (sur bois de sureau), le Tricholome de la Saint Georges et les collybies du chêne (en haie forestière).

Les observations de terrain des mycologues et l'examen des photos de mycologues amateurs sur les blogs révèlent les associations des plantes suivantes:

ARBRES: frêne, pommier, orme, aulne glutineux, charme, chêne, hêtre, arbousier (sud).
ARBUSTES: noisetier, sureau noir.
HERBACEES: lierre terrestre, anémone des bois, violette des bois, ficaire fausse-renoncule, ortie, orchis mâle, listère ovale, arum tacheté, sagittaire, parisette, corydale, primevères, primevère officinale, jacinthe des bois, ail des ours, alliaire officinale, lamier blanc ou jaune, lierre terrestre, géranium robert, poireaux sauvages, ail des vignes, bégonia sp., bégonia tubéreux, épervière des murs, millepertuis.
GRAMINEES : luzule des bois, laîche des bois.
COUVRESOL: lierre terrestre, l'anémone des bois, la ficaire, lierre terrestre, sphaignes et mousses

BIOTOPE RECOMPOSE 
DE LA MORILLE COMMUNE 
photo terra morchellarum
ET DE LA PEZIZE VEINEE
photo la renarde des Alpes.
grimoirescarnets.canalblog.com
le biotope élargi de la morille commune:
le frêne, le noisetier, le sureau noir, le fusain, la ficaire, le lierre grimpant, l'ortie, la violette des bois, lamier jaune, l'anémone des bois, l'arum tacheté, le sceau de salomon, le lierre terrestre, l'orchis mâle, la corydale creuse, l'ail des ours, le muguet, la jacinthe des bois.
photo terra morchellarum



ARBRES: frêne, aubépine monogyne, chêne pédonculé, hêtre, charme, érable sycomore, érable champêtre, érable plane, merisier, cerisier à grappes, orme champêtre, érable plane, pommier, aubépine épineuse, bourdaine, saule marsault, tilleul à petites feuilles, tilleul à grandes feuilles, aubépine épineuse, pin sylvestre, bouleau, arbousier, cormier, chêne vert, houx, fragon.
ARBUSTES: noisetier, sureau noir, cornouiller sanguin, troène, fusain, prunellier, chèvrefeuille des haies, viorne lantane, viorne obier, chèvrefeuille des bois, groseillier, groseillier des alpes, rosier des champs, houx*.
LIANES: lierre grimpant, chèvrefeuille des haies, liseron des haies, houblon.
HERBACEES: lierre grimpant, lamier jaune, violette des bois, benoîte urbaine, géranium robert, anémone des bois, sceau de salomon, arum tacheté, ortie, lierre terrestre, gaillet gratteron, alliaire officinale, scrofulaire noueuse, circée de paris, lamier tacheté, ronce bleue, ficaire fausse-renoncule, épiaire des bois, primevère des bois, primevère officinale, fraise des bois, rosier des champs, euphorbe des bois, fougère mâle, fougère femelle, fougère aigle, reine des prés, angélique des bois, silène rose, valériane officinale, parisette, ortie royale, berce spondyle, égopode, renoncule rampante, oseille sanguine, oxalis des bois, aspérule odorante, muguet, adoxe musqué, ail des ours, sanicle d'europe, vesce des haies*, pulmonaire officinale, millepertuis, solidage verge d'or, mélique à une fleur, la campanule, épervière des murs, mercuriale, listaire ovale, jacinthe des bois, fritillaire pintade, orchis mâle, néottie nid d'oiseau.
GRAMINEES: laîche des bois, brachypode des bois, millet des bois, millet sauvage, pâturin des bois, fétuque géante, chiendent des chiens, carex glauque, deschampia flexueuse, deschiampa cespita, luzule printanière.
COUVRE SOL: lierre grimpant, anémone des bois, violette des bois, lierre terrestre, ficaire, renoncule rampante (bouton d'or), aspérule odorante, adoxe musquée.
NFP: aulne glutineux, vesce des haies, houx.

Les Violacées:
Les violettes et les pensées sont mucilagineuses et mellifères.

Par extension, les Malvacées, comme la grande mauve sont possibles. La grande mauve affectionne les rivages des fleuves et les zones inondées riches en alluvions et en sels minéraux, même archaïques.

Les Bégonias:
Les familles des Bégonias sont des cousines des violettes et des pensées. Elles sont souvent tubéreuses et coïncident donc avec le caractère à rhizomateux ou tubéreux des plantes de ce biotope: l'anémone, la fougère aigle, l'ail des ours, l'ortie, la primevère, la pensée, les violettes, le sceau de salomon, les renoncules tubéreuses, la berce spondyle, la campanule, la pulmonaire, l'orchis, la listère, la néottie...

Les Cucurbitacées et autres
D'autres plantes parentes sont les courges, les concombres, les pastèques, la bryone (toxique à mortel), le concombre d'âne (mortel), les passiflores, les papayes, les tamaris... On peut donc imaginer élargir la culture de plantes ornementales, maraîchères et fruitières avec ce type d'espèces, en respectant les caractéristiques écologiques similaires.

Les Renonculacées:
Elles contiennent des alcaloïdes puissants dans leur système racineaire, mais aussi foliaire, qui régulent les rongeurs. Leurs toxines sont mortelles pour les petits mammifères et les parasites comme les nématodes. Les rongeurs évitent donc ces endroits et modèrent leurs morsures sur les racines.

Le rôle des Orchis:
Les suçons sur les racines de frêne ou de hêtres.

Les orchidées sont des plantes bio-indicatrices d'une activité fongique pérenne dans la mycosphère et de la biodiversité fongique.
Les orchidées vivent en symbiose avec leurs propres mycorhizes, que l'on appelle mycorhizes orchidoïdes; elles sont proches de celles des éricacées.

Les orchidées ont besoin d'un partenaire pour synthétiser une quantité suffisante de nutriments en sous bois. Elles ont donc développé une alternative physiologique pour compléter leur photosynthèse : des suçons racinaires. Pour compléter la photosynthèse, elles extraient des sucres et des nutriments directement sur les racines d'une plante hôte, d'un arbre et même d'un mycélium. On les trouve souvent sur les racines de frêne, de hêtre ou de pommier; elles occasionnent pas de perte pour l'arbre. Souvent, elles leurrent les hôtes en imitant un champignon; elles ne rétrocèdent "rien" en échange. Les orchidées sont des plantes qualifiées de "parasitaires".

En fait, je souhaiterais nuancer cette notion de parasitisme, que je trouve trop radicale et linéaire. La contribution à un écosystème n'est pas forcément directe.

Les alliacées et autres bulbes accumulent beaucoup de sucres dans leur système de réserve, et se multiplient de manière végétative dans le sol.  Les Morilles semblent montrer un optimum de fructification dans les même condition de choc thermique. Le développement des orchis et des alliacées (et autres familles du genre), se développent en saison décalée par rapport au reste de la végétation, à la sortie de l'hiver, lorsque le sous bois est dégagé, au même moment que la montée de sève des arbres. Cette synchronicité pourrait même être de l'ordre d'une relation symbiotique : l'hiver, pour se protéger du gel, les arbres et les plantes évacuent un maximum d'eau de leurs tissus, et stockent l'énergie sous forme lipidique et glucidique, en particulier dans les zones humides. Plus les froids sont marqués en hiver plus le sucre et les lipides sont importants. A la fin de l'hiver et au début du printemps, les arbres évacuent l'excédent des réserves d'énergie hivernales réhydrater l'arbre d'eau de sève et réactiver la photosynthèse. Ils évacuent l'excédent d'énergie par les racines, provoquant parfois des lésions. L'orchis et les morilles pourraient profiter de ce pic d'énergie, voir réguler ce flux soudain, en absorbant une partie de ces excédents, et participer à faire baisser la pression intra racinaire ou dans les canaux résinifères des résineux, notamment du frêne et du pin en montagne. Ce phénomène se produit sur quelques heures et quelques jours. Ce phénomène semble intervenir dans les milieux alluviaux juste pendant le pic de crue hivernale, et lors des premiers grands écarts de température en février mars avril (selon la latitude) d'une amplitude de 15°c minimum entre le jour et la nuit. J'émets l'hypothèse que ces phénomènes puissent être des facteurs déclencheurs pour la poussée des Morilles.

Le feuillage gras et hydrofuge accumule l'eau sur le sol, et participerait à hydrater par la même occasion le champignon, qui peut ensuite l'intégrer dans son système de troc avec l'arbre.
Les alliacées, liliacées, renonculacées, les plantes à système de réserve rhizomateux et les orchidées pourraient participer à l'apport en sucre dans le réseau mycélien de la Morille.

Il est possible que leur floraison diurne, leurs fleurs aux illusions d'optique impressionnantes imitant des insectes comme des bourdons ou des araignées, entre en jeu favorablement dans la zoochorie avec les arbres ou les plantes parasitées, notamment au niveau des petites herbacées mellifères.

+infos sur la mycorhize des éricacées, des orchidées (à venir) et la mycorhize carbonée des néotties.

>>> La relation avec les orchidacées semblent être une piste intéressante du fait de leur relation spécifique avec les champignons et les arbres.
+infos sur la néottie nid d'oiseau dans notre article sur "La mycorhize carbonée".

les Fumariacées de la famille des papavéracées soignent les dermites et les blessures cutanées sur les racines provoquées par les micro-organismes et les petits rongeurs.

Les Alliacées:
Le poireau, l'ail des vignes et l'ail des ours sont aussi relevés sur les sites des morilles ainsi que l'alliaire officinale (Brassicacées). Ils comportent tous des composés soufrés d'ail, supportent des conditions humides et des sols calcaires. En mycogardening, il est donc intéressant d'associer les morilles avec des poireaux, de l'ail des ours, la ciboulette, le muguet, les narcisses, les lis, les amaryllis, en compagnonnage avec leur plantes partenaires comme les fraises, les carottes etc.

Les Onagracées:

Les Pinacées:
Les morilles semblent capables de développer une forme de vie mycorhizienne avec la famille des Pinacées, notamment des espèces qui partagent les caractéristiques de leur milieu de prédilection comme les pentes sableuses et graviers, les pentes calcaires de moyenne montagne et les zones humides. On remarque en Amérique du Nord cette symbiose avec le pin tordu, le pin jaune, le pin ponderosa et le pin Douglas - pseutsuga menziesii, serait même un hôte potentiel. Dans les biotopes européens, on relève que le pin sylvestre partage les caractéristiques écologiques et phytosiociologiques avec la morille blonde. On peut aussi proposer le pin de montagne.

>>>Violacées, Frêne, Pommier, Renonculacée permettent donc à toutes les espèces de co-habiter modérément sans qu'une espèce parasite une autre de façon dangereuse pour sa survie.

Les plantes urticantes.
Elles sont aussi photosensibilisantes, comme d'autres ombellifères comme le panais, c'est-à-dire que les mammifères peuvent provoquer des réactions allergiques sur l'épiderme de la peau suite à une exposition au soleil après le contact avec la plante, certaines dermites peuvent aller jusuq'à de s brûlures au second degré et nécessite une hospitalisation (la berce de Caucause par exemple et le panais urticant sont les plus violentes), d'autres sont urticantes, comme l'ortie dioïque. Les renoncules sont vésicantes et brûlante, comme les crucifères, qui contiennent de la pipérine qui ont pour vocation à repousser les rongeurs.

Les plantes adoucissantes, mucilagineuses et cicatrisantes:
les violettes, les pensées, les primevères, la consoude, les mauves, les roses trémières.

LES RESSOURCES NUTRITIVES

les ressources en glucides:
Notre hypothèse est que la fructification des morilles coïncide avec la montée de l'eau de sève chez le frêne, lorsque sa concentration en sucre est optimale.

En effet, les températures comprises entre 4 et 16°C libère l'azote dans le sol qui va déclencher le débourrage des arbres. C'est à ce moment là que l'arbre brûle les excédents de sucres et de graisses stockés dans ses racines pour réenclencher la feuillaison et la photosynthèse dans le système foliaire. Les arbres éliminent les réserves d'hiver sous forme lipidique et glucidique pour pourvoir refaire circuler l'eau dans les tissus, ce relâchement peut-être assez soudain.

Les frênes sont connus pour être les espèces les plus tardives car ils ont gardé l'empreinte génétique des époques froides, qu'ils soient en plaine ou en montagne, ils développent leurs feuilles qu'en mai-juin. Leurs réserves en sucres sont donc exceptionnelles.

Les fluctuations de températures entre 4°et 16°C déclenchent en automne, la mise en réserve du carbone sous forme de sucres et de lipides pour l'hiver, et au printemps, la libération des réserves excédentaires; à ces saisons, tous les arbres des pays tempérés présentent un pic de consommation des ressources carbones. Ces températures correspondent aussi au réveil de la vie microbienne, mycélium compris.

Le développement optimum des mycélia se situe entre 15 et 20°, parfois jusqu'à 25°C. Plus le choc thermique hivernal est fort, plus les arbres transforment le carbone excédentaire en sucres et en lipides pour protéger leurs cellules contre le gel. L'eau dans les cellules gèle et fait exploser les membranes, alors que les lipides et les alvéoles d'air servent d'isolants et d'antigel. Les sucres sont aussi liposolubles ce qui représente une source d'énergie adéquat pour les hivers longs et rigoureux.

D'où le fait que nombre de champignon voit leur fructification plus importante suite à un été chaud et lumineux suivi d'un hiver rude et gélif, lorsque les réserves d'énergie sont importante dans les racines.

>>> Au delà même des fluctuations de températures et des chocs thermiques, le rythme de vie des mycélia symbiotiques semblent être étroitement lié au cycle du carbone et de l'azote dans le sol, non pour son compte propre mais pour la biodisponibilité d'énergie chez leurs arbres hôtes, qui conditionnent la composition de la sève dont se nourrit le champignon. Ce phénomène semble accru chez les espèces fongiques à sclérotes comme les morilles et les truffes. Les Cèpes sont connus pour être aussi plus nombreux après ces conditions climatiques extrêmes et les amanites des Césars suite à des étés chauds, lumineux et orageux. 

Ce qui semble aller dans le sens de la respiration alternative par la synthèse des hydrates de carbone dans les mise en réserve des arbres comme chez le Chêne, le Châtaignier, le Hêtre, le Charme, le Noisetier et l'Erable; le Pin sylvestre, l'Epicéa et le Douglas en montagne, et dans les espèces des zones inondables comme le Frêne, l'Orme, l'Aulne, le Peuplier et le Saule. 

(A ce sujet, nous sommes entrain de lire les dernières publications en physiologie végétale, notamment sur les interactions au niveau des racines, ouvrages de Lambert et Colmer "Root Physiology: from root to gene (2005)" et en montagne " Trees at Their Upper Limit: Treelife Limitation at the Alpine Timberline (2006)" de Wieser et Gerhard et actualisation générale: "Plant Physiological Ecology (2008)" de Lambers et Hans. Parmi d'autres. .)

+infos bientôt dans un article consacré à "l'Automne, et le cycle du Carbone".

les fruitiers sucrés
Les pommes contiennent environ 18g de sucres (essentiellement du fructose) pour 100g de pomme en moyenne; ce chiffre varie selon les variétés, le degré de maturité de pommes, leur exposition à la lumière et leur résistance aux fluctuations thermiques. Sachant qu'un arbre de 10 ans produit en moyenne 18 à 30kg de pommes par an et qu'une pomme pèse environ entre 75gr à 275g, avec un optimum de production à 15ans. Prenons un exemple simple, un pommier de 20 ans, produisant 20kg de pommes très mûres de 100g: les pommiers de vergers abandonnés concentrent au pied d'un arbre entre 3,6 kg de sucre potentiel, un verger de 10 pommiers 36 kg de sucre potentiel par an, s'accumulant au fil des années. Pour un verger en plein production, cela peut représenter plusieurs centaines de kilos de sucre. L'ail produit 33g de sucres pour 100g et sont des légumes compagnons des pommiers. On comprend l'affection des morilles à pousser sous les pommiers.

vidéo à voir sur terra morchella http://terra-morchellarum-fr.blogspot.fr/

Les autres fruitiers susceptibles de contenir autant voir plus de sucres sont: les kakis, les châtaignes, les dattes, les figues, les bananes, les asiminiers, les épines-vinettes, les nèfles, les sorbiers, les cornouillers mâles, les cynorrhodons, les mûriers blanc et noir, les pruniers, les raisins, le sureau noir, la myrtille, les cerises, la poire, les framboises. les autres sont les groseilles, les cassis, les cormes, les pignons, les pêches, les abricots, les melons, les fraises...

A savoir: les morilles apprécient les arbres au système racinaire accessible mais non compétiteur.
Les cerisiers et les pruniers sont à planter préférentiellement en périphérie de la zone d'inoculation des morilles, à au moins 5m de la bordure du substrat, ce qui laisse une marge pour le développement du mycélium sur plusieurs années, à condition d'enrichir le substrat - spontanément ou manuellement.

Le système racinaire superficiel des cerisiers et pruniers peuvent excéder jusqu'à 2 fois et demi leur canopée. La majorité des rejets ont pour but de constituer des buissons voir des haies protectrices pour les jeunes plants, les troncs des arbres en pleine croissance et des sources de nourriture généreusement disponible pour les animaux. Ces plantes occupent parfois des terrains pauvres et sablonneux, ils explorent ainsi le top soil à la recherche de nourriture constante sans en épuiser les ressources. Leur mulch et les fruits sur le sol enrichissent le substrat en carbone et en sucres, et participe à reconstituer une litière, de l'humus et une vie microbienne. Ils contiennent de l'acide cyanogénétique dans leur sève qu'ils diffusent dans leurs racines et à moindre mesure dans leurs feuilles. Cette phytotoxine nuit aux champignons pathogènes, aux nématodes et aux rongeurs dans le sol. Les espèces au système racinaire vif et colonisateur peuvent être utilisés en haie fruitière avec des ronces, des prunelliers, des aubépines, des noisetiers, des charmes, des érables champêtre, des viornes, comme un corridor; qui protégera les arbres fruitiers cultivés et les champignons de la présence excessive des insectes parasites, des rongeurs et du piétinement des mammifères. Ils apportent en cela une protection favorable aux morilles que l'on retrouve aussi au pied de ces haies fruitières, notamment de noisetiers et de charmes.

Les châtaignes, qui sont les fruits d'hiver les plus riches en sucres, sont des cousines des chênes, de la famille de Fagacées, sur les sols acides ou siliceux, en station continentale ou océanique. Les morilles pouvant pousser sur des zones extrêmement localisées, les stations alluviales avec dépôt et litière de frêne et de charmes ont un ph neutre; il est donc possible de rencontrer des morilles en moyenne montagne dans les zones siliceuses, granitiques et océaniques dans le Morvan, en Auvergne, en Bretagne et dans l'Ouest de la France.

Les chênes comme les châtaigniers accueillent une diversité fongique parmi les plus intéressantes avec les hêtres, comme la famille des Bolets, des Cèpes, des Amanites des Césars, des Girolles, des Trompettes, des Chanterelles etc...

Les légumes sucrés (amidon, inuline, saccharose) sont les pommes de terre, le topinambour, la scorsonère, le raifort, la bardane, le plantain, le poireau, l'amarante livide, la mauve, l'artichaut, le poivron, la betterave, la carotte, le pissenlit, l'ortie, la réglisse.

morille, fougère, composte et poirier
à voir sur lejardindesviolettes.over-blog.com
Dans les relevés phytosociologiques, tous peuvent potentiellement faire partie du biotope des morilles.
Les champignons saprophytes apprécient les légumes aux racines sucrées. Vous trouvez une des associations les plus représentatives qui est la pleurote du panicaut avec le panicaut champêtre ou le panicaut maritime... que l'on cultive aussi avec des topinambours, des artichauts ou des tournesols. Dans les plus innatendues, on retrouve même des morilles sur les rhizomes des fougères, à proximité d'un hêtre ou d'un arbre fruitier (pommier, poirier). + infos sur la culture de champignons saprophytes avec les astéracées dans notre article "Le biotope de l'artichaut et du panicaut" et "Le mycogardening: champignons et légumes sur buttes".

Les fougères, comme les anémones et les renoncules, ont un système rhizomateux qui sécrète des phytotoxines toxiques pour les mammifères et les gastéropodes. Les gastéropodes fuient les litières de fougères et de prêles, notamment la fougère aigle qui contient de la thiaminase. Le mulch de fougères sont des activatrices de germination pour les herbacées. +infos sur la vie des limaces et des rongeurs dans nos articles "Comment cultiver avec les limaces" et "Comment cultiver avec les taupes".

pleurote du panicaut sur racine de panicaut champêtre
>>> Les Astéracées à racines riche en inuline sont des candidats idéaux en mycogardening pour les pleurotes et les morilles, comme d'autres champignons saprophytes. 

>>> La majorité des légumes racines et des alliacées peuvent convenir aux compagnonnage avec les morilles, particulièrement les racines sucrées et les variétés bi-annuelles qui stockent leurs réserves nutritives tout l'hiver. La patate douce est aussi une option (qui est de la variété des ipomées et non des solanacées).

Pour un mulch d'herbacée, on peut essayer d'intégrer la stévia qui concentre énormément d'édulcorant et d'essence de réglisse.

>>> Il peut être intéressant d'en cultiver à proximité ou de déposer les résidus de préparation à base de châtaigne (coques, graines grillées, confites, eau de cuisson...) dans le substrat. Au même titre que l'on peut récolter les marcs de café pour la culture de champignons saprophytes, on peut imaginer aussi récolter réaliser des marcs de pommes ou de cidre, des mulchs d'artichauts ou de topinambour, des résidus de châtaignes ou de noisettes chez un fournisseur, un agriculteur, un forain, un distributeur ambulant, des résidents ou un bistrot. C'est une idée.

Les plantes minéralisantes.
La berce spondyle, la consoude, la pulmonaire officinale, les lamiers, l'ortie, l'ail des ours, l'oignon, le poireau sauvage, l'ail des vignes...
sont riches en silice et en potassium. Ils sont bio indicateurs du blocage du potasse dans le sol suite à des conditions anaérobioses. Ces herbacées permettent donc de réactiver la circulation de ces minéraux en les concentrant dans leur feuillage par exemple qui vont réintégrer le top soil de la litière et se libérer lors de leur décomposition rapide. Le panais urticant est un bio indicateur d'un sol saturé en calcium.

La prêle, l'ortie, les fougères, les graminées et le noisetier.
sont riches en silice et en minéraux.

Les noisetiers poussent sur des sols riches en silice et gypse selon les terrains.

les verges d'or
sont désintoxifiantes, drainantes et vulnéraires. Elles sont bio indicatrices de forts contrastes hydriques.

plantes comestibles riches en potassium
Guide nutritionnelle des plantes sauvages et cultivées
F. Couplan
les ressources en potassium
La plupart des plantes compagnes du biotope de la morille se retrouvent dans cette liste.

Dans les plantes comestibles, on peut citer:
le haricot sec contient 1358g/100g de potassium, les faines 1018g/100g, la figue sèche 1000g/100g, la châtaigne (988g/100g), le pois cassé (981g/100g), le chénopode blanc, la racine de sagittaire et les graines de tournesol (920g/100g), les lentilles (905g/100g), le caroube (827g/100g), l'amande et le bon-henri (730g/100g environ), les glands et les chataîgnes plus de 700g/100g.
Et la liste est longue.

>>>Légumes et fruitiers riches en potassium sont à privilégier pour la culture de la morille en mycogardening. Pour être valable et efficace, il convient de rétrocéder ces nutriments dans le sol sous forme de mulch pour entretenir la circulation de ces nutriments et de ces sels minéraux. Réservez donc une partie de votre récolte pour nourrir le substrat du mycélium. les autres nutriments essentiels aux morilles sont le calcium, la silice, les glucides, les lipides, les protides, le fer et le magnésium. 

les ressources en calcium
Les ressources en calcium sont concentrées chez l'onagre dans ses graines (1422mg/100g), dans les feuilles de l'amarante livide (837mg/100g), le chénopode des murs (737mg/100g), la mauve sylvestre (690mg/100g), l'ortie (630mg/100g), la sysymbre (495mg/100g), le pissenlit (473mg/100g), la luzerne polymorphe (440mg/100g), la galinsoga (410mg:100g), l'oxalis des bois (352mg/100g chez l'oxalis corniculé, surement plus chez l'oxalis des bois), le chénopode blanc, le caroube, le bident, la mauve, la berce, le tussilage. Et beaucoup moins chez la moutarde, la noisette, les cressons, le pourpier, betterave, chicorée, rumex, oseille, oponce, prêle, salsifis, bardane, violette, myrtille, concombre, topinambour, fraise...

>>> Les plantes riches en calcium font partie du biotope potentiel des morilles.

les oxalates
persil, ciboulette, pourpier, amarante, épinard, betterave, carotte, oseille, rumex, renouée, oxalis.

les ressources en fer
Toutes les viandes rouges et le sang contiennent du fer et du magnésium. Pour les personnes qui consomment de la viande, vous pouvez intégrer vos résidus de préparations carnées et grasses, crues ou cuites, dans le substrat des morilles. Tous les spots de barbecues en pleine air en été peuvent accueillir un point de culture de morilles (viandes, poissons, pomme de terre, oignons,maïs, alcool, graisses, sauce, guimauve, poivron... variez les plaisirs! toute ressource carnée, amidonnée, sucrée seront autant de nutriments pour le mycélium). Les feux ont l'avantage, comme dans la nature, de limiter la compétition. Autre: le recyclage des toilettes sèches domestiques avec des cendres, des sciures de frêne ou d'épicéas, notamment pendant les menstruations féminines, peut être une source complémentaire pour le compost des morilles.

Les ressources végétales riches en fer:
les graines d'onagre (2g/100g), le fruit de l'épine-vinette (20,5g/100g), les feuilles de galinsoga(20,5g/100g) , l'amarante livide (13mg/100g). les pignons, les lentilles, les feuilles de menthe en contiennent 9g/100g en moyenne. La stellaire, l'ortie, le tournseol et le haricot entre 7 et 8,5g/100g.

Les ressources en protides
Les pignons (32g/100g), les samares d'érables et l'orme et les faines (22g/100g) fournissent des ressources en protides. ainsi que les graines de tournesols (25g/100g), de lentilles (28g/100g), de pois cassés (25g/100g), de vesces 24g/100g), de haricots secs (23g/100g), de vesce et de gesses (12g/100g), les noisettes (15g/100g) et les graines d'onagre (15g/100g). L'ortie, la mauve, le cormier le petit pois, la luzerne, les glands, le caroube en contiennent environ 7g/100g).

A savoir que les graines à germination printanière qui subissent une starification par le froid contiennent plus de protéines et de graisses, et moins d'hydrates de carbone; alors que les graines à germination estivale ou automnale contiennent plus d'hydrates de carbone, et moins de graisses et de protéines. Par exemple, les graines des érables européens germent directement à l'automne; les graines germées contiennent environ entre 11 et 14% de protéines et de graisse; alors que les graines de l'érable à sucre, provenant de pays nordiques et canadiens, germent au printemps suivant l'hiver, les graines germées contiennent jusqu'à 43% de protéines et de graisse.

les ressources en lipides:
les noisettes font partie des fruits les plus riches en graisses végétales avec 62g de lipides pour 100g, suivie des noix et des amandes (60g/100g), des faines et des tournesols (50g/100g) et des pignons (48g/100g). Les morilles affectionnent les noisetiers et les hêtres ainsi que les pinacées. On peut donc imaginer cultiver noisettes, des faines, des pignons de pin pignons, de pins de Corée dans les régions froides et même d'araucaria par exemple. Les noix et les amandes sont peut-être à éviter pour les morilles, provenant de juglandacées et de rosacées riches en acide cyanogénétique, ces composés inhibent les champignons. Dans une moindre mesure, les glands, les graines d'onagre, du souchet, de l'avocat, de l'argousier fournissent également des lipides.

les plantes bio indicatrices de la biodisponibilité de l'azote.
La morille, comme tous les champignons, consomment du carbone et du sucre; et ne s'intéresse pas à l'azote en soi. L'azote est un indicateur pour la faune, hôte de la morille. La morille peut pousser dans des sols carencés en azote comme dans des sols équilibrés voir riches en azote. L'azote n'est pas déterminant pour les plantes vertes du biotope, qui tolèrent des sols pauvres en azote, mais sont favorisées par la présence de fixateurs d'azote herbacées comme les vesces ou arbustifs comme les aulnes.

Les frênes et les arbres fruitiers qui poussent avec des fixateurs d'azote augmente leur croissance, leur production de feuilles, de fleurs, de fruits et de sucres et l'activité microbienne du sol est vivante. Plus les plantes vertes vont fournir de matière organique végétale riche en sels minéraux, plus le substrat sera nourrit et la morille pourra se développer de manière pérenne sur les années à venir.

>>>Les plantes nitrophiles, comme l'ortie par exemple, sont riches en potassium, en calcium et en silice. C'est en cela que l'azote est indirectement favorable aux morilles. Les morilles apprécient les plantes minéralisantes, particulièrement dans les zones hydromorphiques qui peuvent bloquer la biodisponibilité de ces nutriment dans le sol, ou dans les sols carencés, ces plantes jouent alors le rôle de bioaccumulatrices.

L'alliaire officinale, le lierre terrestre (le gléchome), la fougère mâle et le noisetier sont des plantes bio indicatrices d'une carence en azote. Alors que l'ortie et le gaillet gratteron sont bioindicateurs d'une biodisonibilité en azote. Le sureau noir et la véronique indiquent que cet azote est équilibré et biodisponible, alors que le sureau hièble et le liseron des haies indiquent le blocage de cet azote et de sa nitrification en cours suite à un compactage anaérobiose et une pollution des sols par des intrants chimiques. Les aulnes sont des fixateurs d'azote.

Le frêne et le pommier peuvent aussi pousser sans fixateur d'azote, et s'accommodent de sols pauvres et sablonneux. Des fixateurs d'azote peut compétiteurs peuvent intégrer le biotope des morilles, comme l'éléagnus ebbingei et l'argousier.

>>> Les morilles affectionnent des sols humides pauvres comme des sols bien équilibrés; elles peut accumuler des métaux lourds, comme c'est le cas suite à des éruptions volcaniques; dans ce cas, leur consommation n'est plus possible.

>>>Le frêne et le pommier produise des sucres, qui attire les taupes et les campagnoles, qui dégustent les racines sucrées, les orchis parasites les racines de plantes ou le mycélium d'un champignon pour obtenir les nutriments du hêtre ou du chêne, les violacées adoucissent et cicatrisent les plaies, les orties et les prêles sont reminéralisantes et régénératrices cellulaires, d'autres plantes sont antiseptiques, les renonculacées et d'autres plantes cathartiques, le sorties ainsi que les terpènes toxiques des pinacées limitent l'action et la prolifération des rongeurs et de mammifères, les plantes soufrés et fétides attirent les pollinisateurs et en repousse d'autres, la prêle et la fougère aigle éloigne les gastéropodes, même une fois sèches.

Le bouleau et le pin, au système racinaire superficiel, affectionnent la colonisation d'espace chaud, drainant et humide, souvent sablonneux et de graviers sur sol récemment perturbé et instable. Le bouleau est le premier arbre à s'implanter dans les espaces perturbés. Ils conviendrait au 2 ème type de station, notamment après un incendie, un glissement de terrain ou tout sol perturbé et pentu. 

des réserves nutritives pour l'hiver
photo terra morchellarum
Cette stratégie racinaire correspond à une voie respiratoire oxydative alternative du Carbone dans les zones humides, inondées ou pauvres en carbone et les stations humides voir inondées, exposées à de fortes lumières (pour les variétés tropicales ou rudérales) ou de fort ombrage sous une canopée pour les espèces forestières. On retrouve là les deux biotopes possibles de la morille blonde: des ravins forestiers sablonneux de feuillus sucrées, des vergers sucrés abandonnés, des sites calcinées riches en en potasse et en minerais (éruption volcanique, feux de camps, incendie de pinède, barbecue, carcasses).

Les plantes emmagasinent des réserves sous forme de sucres et d'amidon dans leur racine pour pallier temporairement aux écarts de températures jour-nuit, aux intempéries comme dans des inondations saisonnières ou un ombrage important. Certaines racines sont même alvéolées pour emmagasiner de l'air et stimuler la circulation de l'oxygène et de carbone provenant du sol, comme chez le lotus par exemple, ou forment des tiges creuses compartimentées comme chez la berce spondyle, la canne à sucre, la massette, la menthe, l'ortie qui concentrent plus de saccharose. Le saccharose, l'amidon et les huiles essentielles passent par cette voie respiratoire alternative.

La voie respiratoire alternative sert principalement à pallier temporairement à un excès de carbone suite à une forte journée ensoleillée ou une inondation temporaire qui occasionnent la fermeture des stomates des plantes, et inhibe donc le cycle de l'oxygène dans la photosynthèse.

Dans les pays tempérés, cette stratégie de stockage de réserves nutritives sous forme liposoluble et non plus aqueuse, s'opère pendant la saison froide pour résister aux températures inférieures à 10°c et gélives inférieures à 0°C; il rend le carbone temporairement inaccessible. Pour se libérer, la plante opère des processus d'hydrolyse complexes et progressifs pour brûler les graisses et les sucres et diffuse ainsi l'énergie de manière lente et continue; c'est ce qui se passe en hiver dans les zones du nord et de l'est, et dans toutes les stations montagnardes et continentales. Ces réserves nutritives s'opèrent en été et lors des journées chaudes et ensoleillées. Chez les plantes des zones tempérées forestières et ombragées, les plantes satisfont leurs besoins métaboliques et de maintenance structurelle dès 25% d'apports en carbone, elle consacre ensuite l’absorption de carbone atmosphérique à la mise en réserve en carbone organique dans les racines. (sur ce sujet, voir la physiologie végétale de Hopkins).

Il y a un pic de production de sucres au coucher du soleil, à l'aube, au printemps (février-mars-avril) et à l'automne (septembre-octobre-novembre). Ces points de concentration en sucres, en gras et en huiles essentielles correspondent au cycle de développement des morilles.

Les exsudats de ces racines gorgées de sucre et d'amidon causées par le grignotage des rongeurs mais aussi par le parasitisme des orchidées permettent une bonne croissance du mycélium des morilles et favorisent, avec d'autres facteurs comme l'ombre et les fluctuations de températures entre 4°C et 16°C, le développement des sclérotes chez les morilles.

Les sclérotes sont des réserves nutritives fongiques similaires à celles développées par les tubercules des plantes. La période d'inoculation est la plus favorable à la fin de l'été jusqu'au début de l'automne. La productivité du substrat colonisé par le mycélium des morilles diffère ensuite selon l a période d'épandage du substrat infecté: la dispersion du substrat d'octobre à décembre donnera une production localisée au printemps, alors que la dispersion du substrat au printemps précédent produira une production étendue du fait du développement du mycélium et de la production de nombreux sclérotes. (D'autres champignons à sclérotes forment des pourritures blanches ou des excroissances noires sur le seigle, les fraises, le haricots etc...)

Toutes ces réserves ont pour but d'être brûlées pour permettre la régénération cellulaire et la croissance du système mycélien pour les champignons eucaryotes ou du système foliaire chez les plantes chlorophylliennes. Pour assurer leur régénération, il faut assurer les apports nutritionnels à leur développement.

Le frêne, les pommiers, le noisetier, le bouleau, les pins emmagasinent et/ou des sucres, de l'amidon et des terpènes - un hydrocarbure végétale chez les Pinacées. Les carottes, le panais, les aunées, les topinambours, les pétasites, le wasabi, la bardane, les pissenlit, l'angélique, la berce, l'onagre, les bégonias, l'anémone, l'arum, le cyclamène, le cornouiller, le muguet, le crocus, le sceau de salomon, l'ornithogale, les pommes de terre, les noix de terre, la massette, la betterave sucrière, le poireau, l'ail, les oignons, l'iris, l'asphodèle, les orchidées, les orchis et même l'avoine et le blé etc... sont toutes concernées par ce phénomène.

A savoir que les morilles supportent peu la compétition. Le mycélium se borne strictement aux conditions favorables non compétitrices: une bonne humidité, de l'ombrage, un sol sablonneux ou pauvre en azote et en carbone, peu de plantes compétitrices, des ressources en calcium, en potassium et en sels minéraux, des sucres ou de des exsudats de sève dans le sol, un choc thermique et des fluctuations de températures jour/nuit.

+infos sur le sucre et les ponts mycorhiziens et le rôle de la lumière et de l'ombre.


MYCOSOCIOLOGIE
La co-occurance de certains champignons sont des indicateurs de la présence potentielle de morilles. On parle du Tricholome de la St Georges, notamment dans les vergers de pommiers abandonnées, de la Grande Pézize (Discinia perlata) qui affectionne les souches brûlées d'Epicéas, Rhizinia ondulée (Rhizinia undulata) qui affectionne les souches de Pins brûlés, la Pézize phylogenna; ainsi que d'autres Pézizes, comme la Pézize veinée. Les pézizes poussent à la même périodes alors que les entolomes permettent de repérer un site potentiel dès l'automne. La Morille est précédée de deux à 3 semaines par les Verpes et la Gyromite (mortel!).

les entolomes, champignons bio indicateurs de Morchellaceae,
notamment des verpes et des morilles côniques.
photo terra morchellarum.
Les Morilles entretiennent aussi un lien étroit avec les entolomes. Ils ont l'avantage d'être facilement repérables car ils forment des rondes de sorcières ou des regroupements en tâches.

L'entolome en bouclier, ou mousseron des haies, pousse sous les haies fruitières, d'avril à juin, juste après la floraison des arbres fruitiers sauvages ou cultivées comme le prunellier, les aubépines, les pommiers et les pruniers. Il est un des rares entolomes comestibles.

L'entolome rhodopodium, entolome rose et gris, toxique, pousse sous les hêtres en été et en automne, en montagne. Il semble affectionner les mêmes sites que les verpes, les morilles coniques et les pézizes.

L'entolome soyeux, toxique, affectionne les prairies, à la fin de l'été et en automne.

Le Tricholome de la St Georges, calocybe gambosa, fructifie dès la fin avril, d'où son nom, (la st Georges est le 23 avril), mais on le trouve plutôt en mai-juin. Il pousse en rond de sorcières, sous les bosquets, les taillis, les haies, les lisières de forêt, les prairies et les vergers de pommiers. C'est un très bon comestible. Il a des vertus hypoglycémiantes - c'est à dire qu'il fait baisser le taux de sucre dans l'organisme.

La truffe peut aussi se trouver sur les mêmes sites que les morilles, lorsqu'il s'agit de terrain caillouteux mais perméable; dans ce cas, une mouche inféodé à ce sites est le seul moyen "visuel" de repérer avec précision un emplacement de truffes.

D'autres champignons apprécient les mêmes conditions d'humidité et d'exposition au feu, comme la Daldinie concentrique (Daldinia concentrica) qui décomposent les bois morts après un incendie, notamment sur les bois de hêtre, de cerisier à grappes et de bouleau.

"La Morille d'automne" est un surnom donné à la Clavaire crépue, qui pousse sur les racines mères au pied des troncs de pins sylvestres blessés ou sur les souches d'épicéas. Elle est comestible, sa saveur de noix se rapproche de celle de la morille sans l'égaler. Tout comme les morilles, elle pousse dans les stations protégées des vents dominants; elle est souvent orientée à l'est et à la base des troncs. C'est un champignon magnifique qui tend à se faire rare, notamment à cause des coupes forestières en sylviculture qui remplace les plantations traditionnelles de pins sylvestres et d'épicéas par des douglas; il est donc préférable de la préserver. Vous pouvez en récolter des spores et pratiquer une inoculation pour préparer une culture sur souche de pin sylvestre ou sur billon de bois. Un exemplaire peut peser entre 5 et 6kg, et mesurer plus de 30cm! Elle aurait des vertus stimulante. Les chinois l'appelle 'oreille d'argent" et raffolent de ce champignon au point de la cultiver à grande échelle. L'autre clavaire comestible est la clavaire dorée qui affectionne les mêmes stations que la morille. Ne pas confondre avec d'autres variétés de clavaire, comme la clavaire lamelleuse, à odeur de javel, qui pousse au pied des chênes; elle n'est pas comestible; toutes les autres clavaires sont purgatives ou toxiques.

ZOOCHORIE
Planche 1 : mise en évidence schématisée de l’action de Talpa Europaea sur la mise en place du mycélium de Morchella vulgaris (à gauche lors de la descente de la sève à la fin de l’automne et le début de l’hiver, à droite lors de la montée de la sève de Fraxinus excelsior au printemps). ref: www.micosegur.com/las-colmenillas-y-los-topos/


le campagnol et la taupe.
>>>Les orchidacées et les rongeurs sont des partenaires essentiels au développement des morilles. Leurs blessures sur les racines libèrent de la sève sucrée lors de la montée de l'eau de sève chez le frêne au début du printemps. 


Pour plus d'infos sur le rôle des taupes avec les champignons, lire notre article "Cultiver avec les taupes".

les écureuils
Les écureuils et les campagnoles affectionneraient les champignons comme les morilles et les pézizes qui poussent dans le même biotope que son habitat de prédilection: la hêtraie-chênaie, les noisetiers et les arbustes à baies.

Les champignons attireraient aussi les renards, les blaireaux, les sangliers, les cerfs et les lapins; qui ne semblent pas craindre les mycotoxines à
faible dose; ils les utiliseraient comme antiviral, antitumoral et antiparasitaire, notamment pour lutter contre les nématodes intestinaux. Certains consomment même des lichens.

les escargots
les gastéropodes sont des indicateurs d'une forte humidité et d'une concentration en matière organique en décomposition. les escargots sont des bioindicateurs d'un sol riche en calcium, élément essentiel à la constitution de leur coquille. Les escargots sont parmi les premiers organismes à régénérer la matière en forêt après les incendies en décomposant les cadavres calcinées, les cendres, les brindilles et les plantes. La durée de vie moyenne d'un escargot est de 2 à 4 ans, et parfois plus de 15 ans pour les escargots de Bourgogne. Leur coquille fournissent ensuite un abri pour d'autres organismes et restituer une biomasse calcaire. La présence de coquilles d'escargots et d'escargots est un bon indicateur des ressources en calcium sur le site.

>>>Pour la culture de morilles, vous pouvez récolter des coquilles d'escargots vides, des coquilles d'oeuf, d'huîtres etc pour chauler le substrat de votre culture de morille à raison de 5% à 10%. Additionné de brindilles broyées, de sphaignes, de mousse, de cendres de barbecues ou de feu domestiques, de gypse, de silice, de calcium, de sciure de frêne ou d'orme, de sable, de graviers.

les plantes à odeurs fétides
Beaucoup de plantes des zones humides optent pour une floraison à l'odeur fétide, soufrée ou carnée.

Elles attirent ainsi beaucoup d'insectes comme les  moustiques, les mouches, les moucherons, les punaises, les scarabées, les guêpes, les frelons, les punaises, les araignées... qui sont des pollinisateurs de choix vu leur nombre pullulant dans les zones humides.

>>> Les morilles bénéficieraient ainsi de l'attraction, notamment des arums, des orchis et de l'ail des ours, pour laisser des spores collés sur les insectes visitant leurs sporophores (le champignon est l'organe reproducteur du mycélium).

MYCOGARDENING
culture de champignon in situ - illustration Sepp Holzer
>>>La culture d'espèces maraîchères rhizomateuses riches en sucre et en amidon, de graminées d'hiver, de plantes riches en potasse et en calcium, de fleurs nocturnes fétides (iris, orchydée, arums) et d'arbres fruitiers riches en sucres seraient favorables au compagnonnage des morilles.
culture de champignon saprophyte sur paille - illustration Sepp Holzer
Pour plus d'infos sur la culture de la Morille, lire les ouvrages de Paul Stamets "How to grow gourmets and medicinal mushrooms" et "Running Mushroom" et Stepp Holzer "Agriculture rebelle de montagne".

Les cultures comestibles, médicinales ou ornementales associées aux frênes, aux morilles et aux pézizes veinées peuvent donc être :

_ des arbres fruitiers: POMMIER, prunellier, merisier, cerisier aigre, poirier, cognassier, néflier, bibacier, figuier, kaki, arbousier, cormier, argousier, asiminier, figuier, épine-vinette.
_ des arbres à noix: noisettes, faines, samares d'érables germées, glands, pin pignon, pins de corée (+ châtaignes), araucaria, des cacahuètes, des châtaigne d'eau
_ des arbres à sève: FRÊNE, bouleau, érable à sucre, le pin, l'épicéa.
_ des baies comestibles: sureau, viorne, groseillier, cassisfraise des bois, églantier, aubépine, baie de mai (lonicera kramshatika), myrtille, bleuet, airelle, thé du labrador, argousier, le streptope appelé aussi sceau de salomon noueux (variété canadienne comestible, les variétés européennes sont très toxiques), le cornouiller du canada ou quatre temps (variété de parisette canadienne comestible car les variétés européennes sont toxiques voir mortelles), concombre, cornichon, courgette, courge, vigne sauvage, kiwi, kiwaï, passiflore.
_ des légumes : l'ortie, les lamiers, l'ail des ours, l'égopode, feuilles de charmes, de hêtres, groseillier, fraise des bois, le cresson, la mâche, le wasabi, aspergette des bois, l'oseille sanguine, les rumex, la berce spondyle, les salades d'hiver, les poireaux, l'ail, la ciboulette, les oignons, les asperges.
_ des racines comestibles: sagittaire, la châtaigne d'eau, le stréptope, le panais, le topinambour, l'aunée, le yacon, l'onagre, le wasabi, les noix de terre, les pommes de terres, betteraves, les bardanes, chicorée, cacahuètes...
_ des graines ou des graminées comestibles: le millet (céréale), sarrasin, lin, gaillet gratteron (succédané du café), les céréales d'hiver, le sorgho, le riz des bois, onagre
_ des plantes aromatiques, pour tisanes et médicinales comme le frêne, le lierre terrestre (aussi appelé gléchome), l'ortie, la prêle, la reine des prés, l'angélique, les primevères, le crocus, le fumeterre, la violette, l'oxalis des bois, l'oseille sanguine, aspérule odorante, les épiaires, tilleul, primevère, la benoîte urbaine, les lamiers, le géranium robert, fraise des bois, groseillier, le millepertuis, le houblon, la vigne rouge.
_ des plantes condimentaires: l'ail des ours, l'alliaire officinale, le poivre d'eau, l'épiaire des bois, le wasabi.
_ des plantes ornementales comme les orchis, les arums, le muguet, les iris, les tulipes, les narcisses, les jonquilles, les crocus, les bruyères, les rhododendrons, les pensées, les violettes, les bégoniasles primevères, tagètes, le millepertuis, le plantain d'eau, la sagittaire, le jonc fleuri, les nénuphars, les fougères et le fusain.

En station chaude et humide, on peut cultiver en annuel ou en permanent des passiflores, des bananiers rustiques, du riz, du sorgho, du millet, du maïs, des courgettes, de la canne à sucre, des lotus, des cacahuètes, de la patate douce, du yacon, des artichauts, de la chrystophine, des ipomées, des taros, des haricots volants, des kombu, des goyas, des gombo, le pois asperge, le konyaku, le bambou, la papaye rustique, le kiwano et bien d'autres plantes tropicales.

>>>Il faut veiller à intégrer les plantes sauvages du biotope pour préserver les biocénoses entre plantes, animaux et champignons qui sont inhérentes à leur développement et aussi parce que nous ne pouvons comprendre toute la complexité des relations tissées par les êtres vivants sur des millions d'années. La culture simultanée de variétés sauvages et de variétés cultivées crée une relation synergétique qui dépasse la productivité et la qualité de cultures isolées ou de monoculture.

+ infos sur la culture de champignons:
_"Le mycogardening: champignons et légumes sur buttes".
_ la culture de champignons saprophytes avec les astéracées "Le biotope de l'artichaut et du panicaut"
_ Comment cultiver des champignons maison?

Epilogue
L'Asiminier triolobé, Paw-Paw, le manguier rustique.
J'en profite ici pour décliner les possibilités de ces cultures synergétiques. On voit que le pommier et le néflier en Europe, le Cognassier dans le Caucase, le kaki en Asie et l'Asiminier en Amérique du nord ont des points communs: ce sont des espèces forestières de zones humides à tendance mi-ombragée ou chaude, tolérantes la fraîcheur et l'humidité atmosphérique. Ce sont surtout des fruits d'automne et d'hiver, très chargés en sucres, fructose et saccharose, et en huiles essentielles.
+ infos sur les fruits rustiques.

Les Asiminiers en Europe ont plus de mal à fructifier que dans leur milieu d'origine: la forêt humide et chaude, sous une canopée. Comme beaucoup de plante forestière en zone humide, la fleur d'asiminier a besoin de pollinisateurs carnaciés, saprotrophes (mouches, moucherons, moustiques, guêpes, guêpes parasitaires, abeilles parasitaires, punaises) ou de chauve-souris pour sa pollinisation; elle développe d'ailleurs les couleurs de carcasses. Certains permaculteurs accrochent des morceaux de viande pour les attirer mais les succès sont faibles et beaucoup pratiquent la pollinisation manuelle.

La Morille, saprotrophe, apprécie aussi les immondices, les décharges, les résidus de barbecues avec des graisses et du sang de viandes, de sauce, d'huile, de poissons, de maïs, d'oignons et de pommes de terres cuites, le tout sur un lit de cendres, ou les résidus de carcasses après un incendie en forêt.

Il y a un compagnonnage permanent efficace à expérimenter entre le biotope de la Morille blonde  et l'Asiminier. En intégrant les plantes des milieux humides et ombragées d'Europe de la Morille aux fonctions similaires. Les plantes des zones humides libèrent un maximum de parfums et d'huiles essentielles au coucher du soleil et au lever du jour.

Les plantes de jours qui attirent les insectes de ce type sont les berces spondyles par exemple, à l'odeur d'urine de rat (la plante est comestible, ainsi que ces graines qui sont aromatiques; seul la fleur a cette odeur infecte). Les iris fétides - iris jaune sauvages- et l'épiaire des bois dégagent des odeurs de matière végétale en décomposition, de fond des bois ou fongique. Le compagnonnage le plus intéressant semble être avec les fleurs diurnes comme les orchis et les arums qui attirent les pollinisateurs carnivores ou saprotrophes, mouches, moucherons, moustiques, punaises, papillons de nuits et donc des chauves souris, les chouettes, les libellules et d'autres animaux de la nuit. Tous vont favoriser la fructification des morilles et de l'asiminier. Les oiseaux de jour et de nuit, les libellules en zones humides et ruisselantes et les chauve souris, vont participer à réguler les parasites du pommier et des arbres fruitiers (comme certain papillons de nuit); ces animaux insectivores sont parmi les plus gourmands. Les autres plantes à fleurs nocturnes qui ont besoin des papillons de nuit et des chauves souris pour leur pollinisation sont les pitayas ( dragon fruit).
+infos sur les arums et les plantes des zones humides fraîches dans " Les ripisylves, le biotope de la vigne".

On le sait moins, mais la zoochorie du pommier est liée à la mésange, à la chouette hulotte, à la chauve-souris, au sanglier et à d'autres animaux de la forêt comme l'écureuil et le campagnol.
+ d'infos sur le biotope du pommier

La pollution lumineuse des zones urbanisées gênent la venue de ces oiseaux de la nuit. Une simple lueur a pour effet de créer un point d'attraction localisé qui va concentrer le moustiques et les papillons diurnes, et fournir un banquet aux oiseaux. Le positionnement de ces lueurs sont stratégiques: au sol, pour certains parasites, au milieu des branches pour permettre la pollinisation des fleurs diurnes et la régulation des larves de papillons. La longueur d'ondes de ces lumières est importante. Elle doit correspondre à l'intensité lumineuse diurne, soit du rouge lointain (pas du rouge vif) ou du bleu- violet; ces lumières entrent en jeu dans le développement de la plante et le cycle de floraison. Il ne faut pas perturber ces cycles lumineux naturels. Le rouge, le rouge vif, le jaune, le vert et le blanc ne doivent pas être utilisés.

+ infos sur le rôle de la lumière et des couleurs dans l'article "Canopée: les stratégies de compétition pour la lumière".

>>> Notre hypothèse: On voit que la compréhension du milieu de la morille, dans les stations forestières alluvionnaires de montagne ou de vergers abandonnés, correspond à des conditions favorables pour la culture de la vigne sauvage, de la papaye rustique et de l'Asiminier trilobé dans une forêt jardin. 

>>> La recomposition du biotope du frêne, du pommier et de la morille commune, re créerait des biocénoses locales favorables à la culture de l'Asiminier et réunirait les conditions nécessaires de sa naturalisation-acclimatation en France.

>>> L'installation de ruchers au coeur des sites à morilles peut être un plus. Les dépôts de miel, de nectar et de pollen perdu, ainsi que d'autres résidus antisceptiques et antifongiques de la ruche enrichiront le sol et permettront au mycélium d'obtenir des nutriments réguliers pour grandir chaque année et faire des réserves dans les sclérotes comme ressource alternative à la ponction de sève occasionnée par les rongeurs, comme dans le cas de l'accumulation de pommes sur le sol ou de compost d'oignons, de betterave, de levure, de graminées d'hiver et de pommes de terres cuites. Les abeilles augmenteront l'efficacité de la pollinisation des arbres fruitiers comme les noisetiers, les pommiers, les prunelliers, les pruniers, les cerisiers, les rosiers, les poiriers, les néfliers, les coings etc. La présence de cognassier du Japon, d'arbousier, d'argousier, d'eleagnus ebbingei, de noisetier, de baie de mai, et de lierre grimpant à la floraison ou la fructification hivernale assurera aussi une pérennité de ressources pour les abeilles, les insectes et les oiseaux.


MYCOPHYTOSOCIOLOGIE

>>> Nous proposons une lecture mycophytosociologique du biotope des champignons; c'est-à-dire de comprendre les relations synergiques entre :
_ un champignon et le sol
_ un champignon et son arbre hôte
_ les plantes compagnes du biotope de l'arbre hôte tout en envisageant les bénéfices directes ou indirectes entre le champignon et certaines plantes,
_ la relation avec les animaux et les micro-organismes,
_ avec d'autres champignons, en envisageant la sociabilisation potentielle avec d'autres champignons.

La phytomycosociologie permet de reconnaître et de connecter la synergie entre faune, flore et fonge au delà du "simple" mutualisme arbre-champignon ou de l'analyse du sol; en intégrant l'ensemble du cycle dynamique de la vie du champignon dans un environnement aux interactions complexes où les plantes et les animaux ont aussi un rôle essentiel à jouer. Cette démarche holistique rejoint notre analyse synergétique des biotopes qui considère les relations directes et indirectes de la biocénose entre les organismes.

>>>L'ensemble des interactions est impossible à cerner et c'est donc avec humilité que nous devons expérimenter et avancer.

>>> Le but du mycogardening est de proposer des associations synergiques qui réunissent les conditions de vie du champignon, de l'arbre, des plantes, des animaux, des micro-organismes au delà des paramètres pédologiques et climatiques du site.

+infos sur le mycogardening:
Champignons et culture sur buttes:
_ Champignons pour légumes
_ Champignons pour arbres fruitiers
_ Les ponts mycorhiziens pour les arbres fruitiers dans une forêt jardin
_ Champignons pour arbres forestiers
_ La mycorhization, boosteur de croissance pour les arbres et les plantes.
_ Champignon et les bactéries fixatrices d'azote.

références:
Paul Sstamets, how to grow mushrooms; Hopkins et Lambert, la physiologie végétale;
champi.net, mycoDB, le mounard.com, ekopedia, john jeavons, le Bon, François Margaine, L'encyclopédie visuelle des champi; Jean Després L'univers des champignons, François Couplan; revue scientifique Mycologia, site mycologique mycoDB.fr, la société mycologique des Vosges SMHV, la revue Mycologia et d'autres ...
Evolution de la taxonomie des morilles http://www.mycologia.org/content/107/2/359.full https://www.tandfonline.com/doi/full/10.3852/14-166
http://www.mushroomexpert.com/morchellaceae.html
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http://www.natures-paul-keirn.com/article-morilles-biotopes-habitats-2011-chercher-trouver-morilles-71013352.html en guarrigue du sud et de l'ouest de la france
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http://chantaletjocelynauyukon.blogspot.fr/
animaux mycophages: http://grimoirescarnets.canalblog.com/archives/guide_pratique_de_la_nature_/index.html
www.lapomme.org
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pomme

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